Les phases de ma séparation

Lorsque je me suis séparée, au moment de la prise de décision, j’étais tellement sûre qu’il fallait le faire et que c’était le bon moment que je n’avais pas trop pensé à l’après. Dans les grandes lignes oui. Et toutes les angoisses de l’inconnu qui vont avec… Oui aussi! Ce que je veux dire c’est que je n’avais pas pensé à moi et mes émotions ni à comment je me sentirai pendant les mois qui suivraient. Tout ce qui comptait pour moi c’était le moment présent et me sortir d’une situation qui devenait trop dure à gérer au quotidien. J’avais juste envie d’aller mieux et de sentir que j’avais à nouveau le contrôle de ma vie en main.

J’ai donc traversé un certain nombre de phases. Je les ai surtout reconnues après. Quand on les traverse on ne réalise pas vraiment. C’est le recul qui m’a permis de mieux les comprendre et les identifier.

C’était un peu comme des épreuves à surmonter les unes après les autres. Finalement il n’y a pas que la rupture, s’ensuivent d’autres étapes. Et puis prête pas prête, pas le choix de les surmonter une par une. C’est une peu comme se prendre une vague en pleine face à chaque fois. Mais on s’en remet. Un pas à la fois, une étape à la fois..

On dit que l’univers ne t’envoie que ce qu’il te sait capable de surmonter alors on gère, plus ou moins bien mais on gère. Et on passe au travers. Et on se relève fière d’avoir surmonté ça.

Je suis donc passée par ces étapes, toutes nécessaires à cette transition et à ma reconstruction vers ma nouvelle vie. Je les ai traversé – en frôlant de très près la dépression, le burn out, les moments de “à quoi bon tout ça, c’est trop difficile”, à des  “comment j’ai pu en arriver là” jusqu’à douter de mes capacités à surmonter tout ça”. Mais ça aussi ça passe et l’amour m’a sauvé à chaque fois. Celui que j’ai pour mes enfants, pour la personne que je deviens maintenant et pour cette nouvelle vie que je construis petit à petit a mon image. 

LA DÉCISION

En mars 2018 je me dis que c’est le moment qu’il faut faire quelque chose et que ça ne peut pas continuer ainsi.

Ce qui est très paradoxal c’est que ce moment où je me dis ” Stop c’est fini, ça s’arrête là” est venu au cours d’une période extrêmement chargée professionnellement et remplie de stress. J’avais accepté une mission de quelques mois super intéressante mais l’ambiance de travail y était lourde et angoissante. J’étais énormément stressée par le travail mais ce que je devais faire s’est imposé à moi! Et c’était maintenant. Plus de temps à perdre, j’en avais perdu assez à ne pas être vraiment heureuse.

Alors ça y est, c’est fait. On se séparait.

NOUVEL APPARTEMENT

Le hasard de la vie fait que j’ai trouvé l’appartement parfait pour moi à acheter dans cette période de ma vie, dans le quartier que je souhaitais. (Cela faisait quelques temps que j’y pensais et que je voulais le manifester et tout s’est fait de façon tellement fluide dans mon quartier où l’achat est difficile ou beaucoup trop cher. Certes c’est petit mais c’est chez nous et on s’y sent super bien. Il y a des compromis à faire, mon envie était de rester dans le quartier).

Bref, je ne pensais pas acheter, on devait l’un ou l’autre trouvait un appart à louer, mais je n’ai pas pu laissé passer cette formidable opportunité.

Ce qui fait que par dessus le stress et la quantité de travail de mon mandat temporaire ainsi que le stress de la séparation, c’est ajouté le stress de l’achat – à l’étranger .. histoire de pimenter le tout.

Donc j’ai enchaîné les rendez-vous à la banque (ici et en France par téléphone), le notaire, l’agente immobilière et les échanges avec mes futurs co-proprio (heureusement j’ai des voisins adorables!) mais c’était Rock’n roll! Et pas qu’un peu.

Honnêtement, je ne sais pas comment j’ai fait – je n’arrivais plus à réfléchir correctement à cette période mais pourtant j’ai tout géré.. Et pas si mal que ça en plus quand je regarde en arrière.

Avec le recul je n’ai pas un seul regret de ce choix, j’adore mon appart avec les enfants et je m’y sens tellement bien que je suis trop heureuse de l’avoir. Mais quand je regarde derrière je me dis: P**** c’était chaud!!

LA COHABITATION

Puis il y a eu la phase de vie commune assez longue car je ne récupérais pas les clés de mon appart avant plusieurs mois- heureusement ça s’est bien passé.

Il y a eu beaucoup de respect l’un envers l’autre et surtout cette volonté de faire au mieux pour les enfants.

Et puis franchement, avec tout ce que je traversais je n’avais plus d’énergie. Donc aucune énergie pour ajouter disputes, rancoeur ou engueulades dans tout ça.. Non. Vraiment pas. Et ça aurait été du stress inutile surtout.

Je me rappelle me coucher le soir, vidée comme jamais… Je ne tenais plus debout parfois, j’étais dans un épuisement moral et physique vraiment profond. État qui a duré longtemps… parfois prendre la plus petite des décisions me semblait une montagne. 

Ensuite il y a eu de longues vacances qui ont fait du bien. J’ai fait un break pendant ces vacances et je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait à mon retour à Montréal. Ma vie allait complètement changée. C’était l’inconnu le plus total et pourtant moi qui aime quand tout est bien planifié et organisé, j’ai complètement lâcher prise. Une seule chose était profondément ancrée en moi; tout allait bien se passer, j’avais de quoi rebondir. J’avais une foi profonde que ça irait. Et en effet, tout a bien été, même mieux encore que ce que j’imaginais. Alors que je me disais qu’il me faudrait vite retravailler pour faire entrer l’argent maintenant que j’étais maman solo avec un appart à rembourser. Une semaine après mon retour à Montréal j’avais deux propositions de mandats temporaires, freelance, comme je le souhaitais. J’ai même pu me permettre de choisir. 10 jours après mon retour de France je commençais mon nouveau  contrat, qui demandait beaucoup de travail mais dans une belle ambiance. Et Juste comme ça ma vie reprenait son cours… 

LE SENTIMENT DE LIBERTÉ PROFONDE

Restait le déménagement, au retour des vacances, à gérer. Je pensais avoir plus de temps mais ça n’a pas été le cas vu que j’ai trouvé du travail plus vite que ce que j’espérais.. Et je ne m’en plains pas du tout!

Mais j’ai dû traverser cette période très intense de déménagement. Et pour simplifier le tout, Ikea m’a planté le jour de la livraison. J’ai passé une journée à attendre et à parler au service à la clientèle qui me certifiait qu’ils arrivaient. Ils ne sont jamais arrivés. J’ai dû attendre une semaine de plus. Une semaine de camping à dormir sur un tapis de Yoga. 

J’ai commencé le travail et j’ai emménagé en même temps, les soirs et week-ends. J’étais tellement fatiguée (plus moralement que physiquement je pense) que ce que je gère d’habitude super bien me paraissait trop compliqué. Mon cerveau était fatigué. Encore. J’ai galéré pour déménager tout, quasi seule en multipliant les allers- retours. Tout faire, préparer des boîtes et appeler quelques personnes pour m’aider le temps de quelques heures me semblaient au-dessus de mes forces. Ça aurait pourtant été la meilleure façon de faire. Mais au lieu de ça, j’ai géré au fur et à mesure, comme j’ai pu, ce qui a donné un déménagement très chaotique.

Mais cependant, en étant chez nous (avec les enfants) pour la première fois, j’ai eu ce sentiment de liberté profonde, je me sentais libérée d’un poids immense! J’avais enfin l’impression de me retrouver moi-même. 

L’euphorie d’être sortie d’une situation qui ne me convenait plus mêlée à la tristesse de ne plus voir mes enfants tout le temps mais en même temps une certaine joie de retrouver quelques moments pour moi, seule. Les émotions contraires se bousculaient dans ma tête. 

Pourtant j’avais tellement besoin de ces moments de solitude, j’étais littéralement épuisée.

LA TRANSITION

Au début je me suis dis que je n’y arriverai pas, le premier week-end sans les enfants a été très très difficile. Je me sentais atrocement seule et vide. Puis je me suis dis que ça allait revenir souvent alors que j’avais le choix de passer ces week-ends à pleurer et me morfondre ou d’en faire autre chose. Alors tout doucement et à mon rythme, j’ai décidé d’en faire autre chose. Dans cette histoire finalement je retrouvais un peu de temps pour moi.

Mais une séparation, surtout avec des enfant c’est beaucoup d’organisation, de nouveau et d’ajustement.

Il y a aussi toute cette transition morale à faire, transition pendant laquelle tu annonces la nouvelles au fur et à mesure des gens que tu vois. Et c’était éprouvant. Pour moi c’était comme revivre tout ce que je venais de traverser à chaque fois que je devais le raconter. Sans compter celles et ceux qui – sans le vouloir évidemment – te transmette leur tristesse par rapport à ta situation. Ouf c’était intense à gérer. 

LA TRISTESSE 

Après la difficulté de la transition que j’ai vécu mêlée à  la joie de me sentir à nouveau bien chez moi et heureuse d’avoir enfin fait le pas vient la tristesse.

Me rendre compte que la vie de famille me manque (pas le mariage) mais vivre en tant que famille et pouvoir offrir ça aux enfants.

Je me suis sentie coupable de les priver de ça mais en même temps contente de leur montrer qu’il faut savoir choisir son propre bonheur dans la vie.

Mais n’empêche que toute la dynamique familiale se trouve changée et que la famille que j’avais me manque. Comme le dit un proverbe:

You might miss something but not want it back ( Quelque chose peut te manquer sans pour autant que tu veuilles le retrouver).

Non je ne voulais pas retourner en arrière mais j’étais nostalgique de la vie de famille que j’avais avant.

LE DEUIL

Et donc peu après vient la période de deuil de cette vie d’avant. De cette famille d’avant. De tout ce qui se faisait avant. Il faut absorber, être triste, en colère puis finalement accepter que ça n’est plus et que ça ne sera plus jamais.

C’est difficile comme phase, surtout pour moi qui ai toujours voulu offrir une famille unie et pleine d’amour à mes enfants, mais encore une fois, c’était nécessaire malgré tout.

UNE NOUVELLE VIE QUI COMMENCE

Et puis vient ce sentiment de paix retrouvée et de renouveau. J’avoue que j’ai eu une phase de solitude intense. J’avais envie d’être juste chez moi les week-ends sans les enfants, j’avais un puissant besoin de me retrouver seule. Je me rends compte maintenant que j’avais besoin de me retrouver, sans bruits extérieur, juste avec moi. Je devais aussi faire le point sur ce que je voulais vraiment pour ma vie à partir d’aujourd’hui, pour moi en tant que personne… J’avais besoin de me reconnecter à mon moi profond. 

Maintenant que j’avais retrouvé la paix intérieure, j’étais prête à repartir et avancer. Mon histoire n’est pas parfaite mais c’est la mienne et elle est belle, quelles que soient les épreuves qu’il a fallu traverser.

Ce n’est pas la situation familiale dont je rêvais mais c’est ainsi. Et je ne pourrais jamais changé ça alors autant en faire le meilleur possible!

Les enfants vont bien et c’est le principal. Ils m’ont surpris par leur grande capacité de résilience. Je vais bien et c’est aussi important – j’ai pris une importante décision pour mon bien et je m’en félicite car ce n’était pas facile. Rester dans une relation qui ne nous épanoui pas n’est pas la solution. Alors je sais que ce sera encore difficile (Prochaine étape: le divorce officiel). Parfois. Mais j’avance, un jour à la fois, et je me sens bien avec moi, j’ai confiance en l’avenir et je ne me suis jamais autant aimé que maintenant. C’est plutôt bon signe!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *